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8 août 2008 5 08 /08 /août /2008 10:21

Nyamirambo, joli mot teinté de couleurs, de sons et de mouvements rapides. De petites maisons, de poussière rouge, de bus bariolés à l’effigie de Fifty Cent, de femmes voilées…Nyamirambo est un quartier populaire de Kigali. Le quartier populaire, mais vivant de Kigali dirais-je. Il se situe derrière la colline du centre ville où j’habite, en contrebas de celle-ci. Traditionnellement au Rwanda les riches investissaient le haut des collines tandis que les pauvres s’installaient dans les parties basses. Il me semble que c’est encore largement le cas aujourd’hui et Nyamirambo en est un exemple. De plus c’est le quartier de Kigali où l’on trouve le plus de musulmans : la mosquée blanche et verte qui accueille les visiteurs dès l’entrée du quartier en est le premier signe visible. Quand on se promène un peu plus longuement on peut aisément remarquer l’influence musulmane dans ce quartier, et plus généralement le mélange des cultures et des nationalités qui existe ici.

 

Il y a quelques mois, une association de femmes de ce quartier a contacté NDA pour savoir s’il serait possible de développer du « community based tourism » dans cette partie de Kigali. En effet si Nyamirambo attire quelques baroudeurs jeunes et curieux, la plupart des touristes venant à Kigali n’a pas l’idée de venir pointer le bout de son nez dans les rues encombrées et sales de ce quartier. Pourtant c’est l’occasion idéale de découvrir le quotidien des Rwandais de moyenne et basse classe, la culture des jeunes, l’art des couturiers venus d’Afrique de l’Ouest et tant d’autres choses. Michael mon maître de stage, mon chef, mon boss, je ne sais pas trop quel nom lui donner, est emballé par l’idée et c’est à moi qu’il confie le projet à mon arrivée. Je suis chanceuse ! C’est pour moi l’occasion de découvrir une des parties les plus excitantes de Kigali, de connaître tout un groupe de femmes et d’apprendre à monter un projet de tourisme urbain.

 

Les débuts ne sont pas simples : il faut se faire accepter par tout le monde, laisser le temps à ces femmes de te faire confiance. Faire face à des problèmes d’organisation interne de l’association qui entravent tout le projet de tourisme et essayer d’aider à les résoudre sans trop s’impliquer pour autant. Mais petit à petit, à forces de coups de fils, d’allers-retours là bas, le lien se crée et la dynamique s’enclenche. Je sympathise avec plusieurs de ces femmes, Jackie la présidente, mère seule qui continue ses études, qui m’emmène au marché et chez le tailleur, Mary mère de deux filles qui tente de joindre les deux bouts en vendant des fruits à un restaurant m’emmène découvrir les environs. Vestine n’ose pas parler anglais mais vient au cours de langue que nous avons mis en place et s’exprime petit à petit. Le Nyamirambo Women’s Center a été crée en fin de l’année 2007 avec l’aide du Peace Institute de Slovénie. Le centre est formé de 17 femmes. Elles ont désormais un bureau ou se réunir, et tentent de mettre en place des cours d’anglais, d’informatique et de conduite (auto-école). Elles organisent aussi de temps en temps des workshops sur différents sujets.

 

Les taches sont multiples. Il faut former les filles à parler un bon anglais pour qu’elles puissent elles-mêmes guider les gens. Il faut bien sur faire tout un tas de recherches sur le quartier et les activités que nous allons montrer. Vu le nombre de sources écrites au Rwanda avant 1994, et le poids de la « tradition orale » ici je suis obligée de courir après les historiens pour tenter d’y voir plus clair. Il faut aussi passer des heures chez le maire, chez le chef de district, puis de secteur et enfin chez les autorités locales pour avoir la permission de débuter ce genre de projet. Il faut déterminer les activités exactes, les coûts, les fonds que l’on peut créer. Pour l’instant les femmes ont envie de montrer la mosquée et d’expliquer l’évolution de l’Islam au Rwanda, le marché du coin, le couturier (ou on peut alors se faire faire sa robe !) et le salon de coiffure afin de montrer l’importance des tresses ou des coiffures en général en Afrique. Il y aura aussi un repas pris dans une famille du quartier. Peut-être aller au cinéma pour ceux qui resteront le soir. Bref dévoiler aux touristes à quoi ressemble la vie quotidienne des habitants de Nyamirambo. Et personne (enfin aucune agence de voyage dirons-nous) n’a encore pensé à venir montrer les secrets de cet endroit. Tant mieux nous avons carte blanche !

 

En parallèle au projet de tourisme, NDA cherche à soutenir des mini projets personnels : un peu comme un institut de micro finance mais privé et sans intérêt aucun. Michael a reçu le soutien de nombreuses personnes qui souhaiteraient investir de l’argent pour aider des rwandais à démarrer leur business. Je travaille donc, pour commencer, avec Mary que j’ai évoqué dans les lignes précédentes. Elle achète des fruits puis les revend à un restaurant. Elle est un maillon d’une plus grande chaîne en quelque sorte.  Nous avons longuement discuté sur ses projets d’avenir, ses envies. Ils ne manquent pas. Mais l’argent si, et donc tout les plans restent en suspens. Cette fois NDA pourrait lui faire un crédit. Son envie ? Louer un endroit en ville, acheter de l’équipement et vendre elle-même ses fruits ainsi que des jus de fruits frais puisqu’elle sait le faire, elle a reçu une formation en Ouganda pour cela. Ce qui est génial ici parce que personne ne le fait : les gens sont apparemment trop pauvres pour s’acheter de quoi faire des jus de fruits. Du coup le travail va être de réaliser ensemble un « business plan » : quels bénéfices sont escomptés, quels coûts, il y a-t-il de la concurrence dans le quartier, quel pourcentage reviendra à l’association, peut-elle employer quelqu’un, comment va-t-elle rembourser son crédit etc. Bref je trouve cela très excitant d’autant plus que je l’apprécie beaucoup et l’idée qu’avec quelques centaines de dollars on puisse l’aider à réellement développer un business lucratif qui lui permettre de mieux vivre, mais aussi de donner des revenus à d’autres et à l’association, c’est vraiment chouette. Je ne pense pas être là assez longtemps pour voir cela réalisé mais je suis au tout début du processus et c’est passionnant. On dit toujours que l’argent n’est qu’un moyen. Oui mais sans le capital même minime du départ, les gens ne sont rien ici. Les banques ne délivrent que rarement des crédits et sûrement pas à des gens comme Mary.

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Bonjour à toi!
Bienvenue sur ce blog où tu pourras suivre mes aventures africaines pendant 3 mois au Rwanda. 
En espérant te faire voyager un peu, et te donner beaucoup envie.. 
Bonne lecture et à très bientôt..



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