Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 15:22
         Ca y'est "die Zeit ist um". Il faut rentrer à la maison paraît-il. Je ne réalise pas, je laisse le départ venir à moi en tentant de l'ignorer. Je vois les gens comme d'habitude, dis aurevoir mécaniquement comme si c'était une pièce de théatre, sans vraiment le prendre au sérieux. Meme dans la voiture emmenant Nina et moi à l'aéroport, je souris, ris, essaye de voir Kigali avec un regard de "dernière fois" mais meme cela je n'y arrive pas. Cela me semble tellement irréel et impossible de quitter cet endroit que mon cerveau refuse de rentrer dans un état d'esprit de départ. A l'aéroport je surfe entre crise de rires et crises de larmes. Larmes car je ne veux pas quitter tout cela. Rires car Nina et moi avons vraiment l'air de touristes typiques avec nos tresses et nos foulards dans les cheveux. Parce que nous sommes les dernières à monter dans l'avion mais prenons quand même le temps d'aller acheter des boucles d'oreilles avec les derniers francs rwandais. Larmes car la personne que je voulais le moins quitter ne sera pas à temps à l'aéroport. On se quitte pour si longtemps sans adieux. C'est peut-être plus simple comme cela. 

      Je m'embarque donc pour un voyage de plus de 72 heures. Heureusement Nina m'occupe l'esprit les 4 premières heures, jusqu'à Addis. Nous rions de nous mêmes, faisons des plans de futur, quand nous irons rendre visite à Rebecca à Washington, les soirées africaines qu'on organisera à Münster...A Addis nous nous quittons: elle part tout de suite pour l'Allemagne, moi je reste une nuit sur place. A ma grande surprise on me donne un visa de transit et je rejoins vite l'hotel en plein coeur de la ville. On m'apprend aussi que j'ai le droit d'aller et venir dans la ville à ma guise. Je ne me le fait as dire deux fois, je saute sur mon carnet d'adresses et appelle Ermias, le copain de Clélie, rencontré en Avril dernier en Ethiopie. 10 minutes après je me retrouve en train de discuter de Rwanda, Ethiopie, Clélie, voyages, cours de français avec Ermias dans les rues de la capitale: complètement dingue! Nous allons boire des bières avec des amis à lui et voilà Marine partie sur la piste de danse avec les éthiopiens du coin jusque tard dans la nuit. Courte nuit à l'hotel, un peu perdue dans mon rythme, mais tellement heureuse d'avoir vu Ermias et l'Ethiopie by night. Trajet Addis-Londres. Long, triste, solitaire. Temps de repenser à tant de gens, de choses. De faire une sorte de bilan. De verser des larmes. J'enchaine sur 2 nuits et 1 journée londonienne. Je pense que je n'aurai pas pu faire pire comme décalage. Monde, rythme pressé, grands buildings, froid, pluie, vent. Juste je n'y crois pas. Je me demande environ toutes les deux minutes ce que je fais ici. Heureusement encore (décidément ce voyage aura été ponctué d'heureusement!) je suis accueillie par des amis d'un ami. Des gens formidables qui m'ouvrent grand leur porte et je suis reçue comme une reine. Ils me montrent le coin, m'emmènent boire du bon vin blanc. Dernier jour, 7 heures de bus eurolines, traversée de la mer en ferry. Rencontre avec une américaine très drôle qui "loooooove my braids" et avec qui j'échange sur les voyages. Courte pause à Paris où ma cousine vient gentillement m'aider à porter mes bagages. Etrange de se voir si vite et dans cette situation, mais agréable de voir une tête connue à l'arrivée du bus! Dernière étape: le train!! Dernier heureusement, mon voisin de Paris à Lyon. Un béninois très drôle et sympa qui reconnait ma African attitude et avec qui les deux heures s'écouleront en un éclair. Enfin je pose le pied à Perrache. Et les amies sont là à l'heure et pleines de joie. Welcome home Marine. Ouf. Je commencais à fatiguer.

         Maintenant cela fait une semaine que je suis rentrée. Enfin que j'ai quitté Kigali. Cela me paraît déjà être des siècles en arrière. Pourtant je ne rêve plus que d'y retourner. Mon corps commence tout juste à s'habituer au climat post-été de France. Ma tete met un peu plus de temps à se sentir à nouveau à l'aise. Ca viendra. L'Afrique m'a ensorcelé. De haut en bas.

         Quand est-ce que je repars?
Partager cet article
Repost0
26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 13:41
"Est-ce que je le fais ou est-ce que c'est vraiment trop cliché? En plus ca va peut-etre donner un affreux résultat sur moi. En meme temps je ne suis pas tous les jours en Afrique et ici c'est peu cher et bien fait."

   Adjugé vendu: je vais me faire tresser!

Commence alors l'aventure. Je prends un mini bus direction Kimisagara et je réussis à trouver quelq`'un qui m'aide à trouver l'endroit exact ou je dois m'arreter. Je suis accompagnée de Gwyneth ma pote ghanéenne et une de ses amis. "Mama Djibou" nous attend comme prévu sur le bord de la route et me fait des grands signes: je suis la seule muzungo du coin, facile à repérer. Je la trouve cool dès le départ: un anneau dans le nez, robe et foulard blanc et vert, plutot petite et menue mais avec une voix qui révèle un caractère de fer.
Nous la suivons dans les petites rues (chemins) de Kinisagara jusqu'à arriver à sa maison. Typique des maisons de quartiers pauvres. Une grande cour, la cuisinière au charbon dehors, quelques fauteuils sans draps et des murs nus et sales. Bien sur des enfants partout.
Le prix avait été fixé à l'avance mais elle essaye de revenir sur sa parole en disant que les cheveux de muzungo sont très différents et glissent. Elle demande le double. Après coups de téléphone à Cécile (l'entremetteuse) et traduction en francais, elle accepte le deal initital et me montre l'endroit ou m'asseoir, par terre sur un tissu. 

Naive comme je suis, je m'attends à rester là deux ou trois heures, pas plus. Bilan des courses: je suis restée les fesses posées au sol pendant 8 heures. Rien que cela. Mais c'était une expérience interessante :) et le résultat n'et pas si mal que ca. 
8 heures. On se raconte des choses, on rigole. On s'étonne que je veuille des tresses "avec les si beaux cheveux que tu as", on me pose des questions sur la France. Les enfants défilent devant la porte: une muzungo en train de se faire tresser ca les amuse vraiment. Kiriku (génial le nom on a pas arreté de chanter "Kiriku n'est pas grand mais il est vaillant"), la petite de 2 ans, passe sa journée à escalader mes jambes,fouiller mon sac, jouer avec mes premières tresses, se blottir dans mes bras. Elle est aussi légère qu'une plume et n'arrete pas de rigoler. A d'autres moments tout le monde est silencieux, on écoute l'orage qui arrive sur Kigali. Le temps de penser à plein de choses en 8 heures.

Je suis un peu sceptique en sortant. Mais je m'habitue vite et trouve que finalement c'est un drole de nouveau style. Et les gens me disent que je "look smart" alors tout va bien. J'ai la sensation bizarre de peser 3 kilos de plus (juste par les cheveux) et d'avoir une sorte de grand bonnet ou de petit animal sur le crane. Ca tire pas mal et la nuit ne sera pas très bonne...
Par contre je suis désormais immunisée contre le mal-etre face au regard des autres dans la rue. Déjà que les Rwandais ont l'habitude de regarder (ou de dévisager!) tout ce qui est différent (est-ce culturel?) que ce soit moi la blanche ou que ce soit un copain rwandais qui porte des dreads. Donc mettez dans la rue une muzungo la tete remplie de tresses africaines: on se retourne, on rigole parfois, les enfants s'arretent carrément. Bref maintenant je suis prete à marcher dans les rues européennes avec une crete rouge et jaune sur la tete sans que le regard des autres ne me pose problème!

Demain Nina ma copine allemande va faire la meme expérience: dimanche on prend l'avion ensemble, au moins jusqu'à Addis Ababa. On s'est déjà dit qu'on aurait l'air tellement cliché avec nos tresses, qu'on pouvait carrément faire la totale: mettre une de nos robes africaines, les lunettes de soleil et un chapeau :) bref on va bien se marrer je pense, entre deux crises de larmes à l'aéroport...

Real mama Africa is going home...
Partager cet article
Repost0
14 septembre 2008 7 14 /09 /septembre /2008 19:29
   Nous sommes dimanche soir, et je n'arrete pas de me dire que dans deux semaines exactement je serai les fesses sur mon siège en direction de Addis Ababa puis de l'Europe. Une petite boule se forme au creux de l'estomac et va grandir petit à petit. Je n'arrive pas à réaliser que je puisse etre ailleurs pour l'instant. Tout est devenu si naturel, le quotidien au soleil, les gens à saluer sur mon chemin qui mène au centre ville, les pieds sales pleins de poussière, les soirées avec mes collocs, les moments avec les gens que j'ai appris à connaitre et à aimer en si peu de temps, les excursions à droite, à gauche pour le week-end.
      C'est fou comme on peut se sentir vite chez soi. Comme la vie d'étudiante sans attaches m'a rendu caméléon. Comme je me sens vite en confiance. Comme je me suis habituée aux départs. Parfois ca fait un peu peur cette distance.

       La semaine passée a été pleine de bonnes choses. Ngabo, Tanja, Nina et moi (la super équipe francophone!!) sommes repartis pour la troisième et dernière fois (au moins pour les filles) à Akagera pour continuer à travailler avec le village de réfugiés. Nous avons été complètement surpris par la motivation des habitants, leur accueil toujours aussi chaleureux, tout ce qu'ils avaient préparé pour nous démontrer qu'ils étaient prets à recevoir des visiteurs. Nous avons dansé, mangé, dormi là bas. Vu le légendaire éléphant du village dont les gens nous parlaient tout le temps, Mutware. Nous avons aussi eu des gros problèmes de voiture, mis 8 heures à atteindre Kigali (au lieu de 4!) mais qu'est-ce qu'on a rigolé: Tanja au volant d'une jeep partant en ruine, une roue penchant d'un coté,la fenetre ne se fermant plus et les essuie glaces cassés...le tout sous une pluie battante. On peut meme dire un vrai déluge comme il y en a rarement dans cette partie du pays. Mais la bonne humeur étant toujours présente, cela ne nous a pas empeché de nous arreter manger les meilleures brochettes de chevre du district tout en dansant sur des chansons de militaires complètement bidons. Oui voilà ca se passe plutot bien mon stage... :) 
        Je passe des supers moments avec Rebecca et Nina, américaine et allemande. J'améliore mon accent, on me dit que je parle très bien anglais, et ce avec un accent allemand :) Voilà ce que ca donne d'habiter dans une auberge rwandaise.
        Cet après-midi meeting à Nyamirambo. Les femmes ont recu mercredi leurs premiers vrais touristes. 6 américaines qui ont donc payé un tour et ont été complètement emballé par le projet. Elles ont meme parlé de trouver des fonds chez elles pour pouvoir aider les femmes de l'Association à acheter du terrain et accéder à une propriété privée. Dingue! En tous cas c'est tellement chouette de voir des résultats, que ces incroyables femmes vont toucher des bénéfices, que tous les efforts mis ensemble dans ce projet sont récompensés. Sensation d'acomplissement personnel aussi. Je les regardais tout à l'heure et ressentais tout simplement une grande tendresse pour elles. Et déjà une tristesse de bientot ne plus les croiser au quotidien et entendre "Marine where have you been?? We missed you!"

      Nostalgie avant l'heure.......
Partager cet article
Repost0
28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 18:50

Je n'ai pas encore pris le temps de décrire vraiment l'endroit ou je vivais, ce que je faisais concrètement au quotidien et quels étaient les gens avec qui j'habitais.
             J'ai une chambre dans la maison que mon chef loue depuis Janvier. C'est une grande maison avec plusieurs chambres, une cuisine, une grande grande pièce commune, et les bureaux de New Dawn Associates. Elle se trouve à Kiyovu 2 c'est à dire la partie plus pauvre (d'ou le 2!!) du centre ville de Kigali. Cela signifie aussi que je peux aller à pieds (en remontant la colline très très poussiéreuse, vive le sport, vive mes cuisses et vive les cheveux sales!) prendre les minibus qui partent ensuite pour tous les autres quartiers, ou aller dans les magasins principaux du centre. Je commence à maîtriser comme une chef les itinéraires des petits bus, leur prix, les raccourcis pour retrouver ma maison.
             C'est plutôt luxe ici, pour l'Afrique. J'ai une baignoire, l'eau chaude en permanence, la télé avec le câble dans le salon et le wifi qui fonctionne presque tout le temps. Donc j'expérimente matériellement l'Afrique plutôt le WE quand je pars avec des amis, et qu'on prend l'hôtel le moins cher...Ca ne fait pas de mal aussi de se laver au jerrican froid dans un endroit qui sent mauvais...enfin pas tous les jours svp!! 
              En ce moment nous sommes 7 personnes vivant ici. Nathalie une allemande qui travaille dans une agence de développement, Gwyneth la ghanéenne censée s'installer ici pour y travailler (pour NDA), Lisa une stagiaire américaine très sympa même si trop souvent réservée, Tanja et Ricarda stagiaires allemandes. Ca fait beaucoup de filles. Sinon il y a aussi Oscar le gardien qui répond toujours "ça va ça va" à toutes mes questions et qui lave si gentiment mes affaires. Et puis Martin qui vient tous les midis de semaine faire la cuisine. On parle en français, il me montre comment faire des jus d’ananas et moi j’aimerai lui apprendre à faire mes fameux cakes mais on ne trouve pas de moule…Bref voilà, l’ambiance générale est un peu trop posée et plan plan pour moi mais bon. Je crois qu’après avoir vécu trois années de suite en osmose parfaite avec tous mes collocs, je trouve cela difficile de vivre seulement pour soi. Manger quand on a faim, tout seul, ne pas toujours être accueilli avec la chaleur qu’on aimerait, vouloir sortir faire la fête mais tout le monde est trop fatigué…Proposer pleins d’activités et se retrouver face à une mollesse assez déstabilisante. Bref ce n’est pas l’auberge espagnole !!! Les gens de mon auberge rwandaise ne sont pas très naturels, ni gai lurons, ni bons vivants…enfin pas souvent tout du moins. Mais comme j’ai trouvé quelques personnes avec qui ça passait vraiment bien à l’extérieur, je sors souvent et vois d’autres univers. C’est important pour moi. L’équipe permanente de NDA se compose ensuite de Ngabo, un gars super qui parle parfaitement français après des études en Suisse, papa d’une petite fille, Susan une Kényanne déjà plus âgée, Edmond le chauffeur de bus, gars très sympa, Florence et Cécile deux filles d’environ 25 ans, qui s’occupent de nous donner des coups de pouce quant aux meilleures adresses pour se faire des tresses, des robes et la fête ! Donc ça va il y a pas mal de têtes différentes.

              Ce qui n’est pas toujours évident est de faire le stage au même endroit que là ou je vis. Tout se mélange et il est parfois difficile de bien définir temps de travail, temps de repos. Ce qui me pose pas mal de problèmes de culpabilité. Mais j’apprends petit à petit à me trouver des excuses et à me dire que le temps que je passe à me faire plaisir, à être avec des gens extérieurs au stage est tout aussi important et j’en apprends autant de tout cela. Et j’apprends aussi à travailler sur mes projets, à rendre l’abstrait concret. Bref ça sert à cela un stage, se former, apprendre !! Et c’est encore mieux si le quotidien autour du travail le fait aussi…

              Ce week-end, virée sur un coup de tête avec Baker à Giseyni, au bord du lac Kivu, trois heures de bus le samedi soir pour 7 heures de concert et de folle danse dans la nuit, feu de camp sur la plage, puis rebelote 3 heures de bus pour que je sois dans l’après-midi du dimanche à Kigali pour un meeting. Ahhh qu’il est bon d’être jeune, de n’avoir ni besoin de dormir et de manger (parce que du coup je n’ai pas eu l’occasion de manger entre samedi matin et dimanche midi J), juste de vivre sur le moment ! J’espère que d’autres surprises s’annonceront pour les prochains WE. Et j'ai un surnom: Marina Akanyana (ca veut dire petit veau) J

Partager cet article
Repost0
18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 15:25

          Les relations entre la France et le Rwanda sont tendues. Ceci n’est un secret pour personne. En tous cas ici. Les relations diplomatiques sont rompues depuis 2006 à la suite d’un rapport rendu par un juge français, qui inculpait des membres de l’actuel gouvernement (dont le président) d’avoir commis des exactions contre des populations civiles. Tout ceci est bien compliqué et fait intervenir beaucoup plus de facteurs et d’acteurs que ce seul rapport. On peut indiquer le rôle de la France dans le génocide, sa générosité en tant que vendeuse d’armes, son savoir logistique et technique dans la formation de milices. Bref tout cela pour dire que l’ambassadeur français à Kigali s’est fait botter les fesses il y a deux ans et n’a pas eu le droit de revenir. Le centre d’échange culturel franco-rwandais a fermé et les gentils touristes français voulant venir ici doivent se soumettre à une épreuve sportive. Marine l’a fait !


           
Bien avant de poser un pied sur le sol africain, il faut remplir un formulaire sur le site Internet du gouvernement rwandais. Après plusieurs mails échangés, envoi de ma convention de stage, intervention de Michael auprès du service d’immigration, je reçois enfin ma facilitée d’entrée. Naïvement je m’imagine qu’on me délivrera sans problème un visa moyennant la modique somme de 60 dollars à l’aéroport, un visa valable pour trois mois et fin de l’histoire !
Ah non Marine, l’Europe est derrière toi ! Franchir les frontières sans papiers, sans contrôles, sans files, sans problèmes c’est un grand privilège même si on ne s’en rend pas compte. Mais tu es au Rwanda !


           
Donc j’arrive, je paie (60 dollars quand même), on me donne deux semaines au Rwanda (merci !!!). Je dois aller faire une demande de visa au bureau de l’immigration.  Et ça repart pour un tour ! J’y vais donc. Une seule personne à la réception. Choisit à la tête du client qui il veut écouter en premier. Je tire pourtant un ticket et attends mon tour. Bientôt je comprends que ce n’est pas la bonne solution. On n’attend pas son tour : on s’impose ! Je passe, on me demande de remplir un formulaire, de ramener pleins de documents différents (tous déjà envoyés par mail bien sur !!), de revenir ! Je reviens quelques jours suivants, laisse tous les documents. On me dit à vendredi ! Vendredi matin je me lève tôt, monte derrière un mototaxi et part deux collines plus loin retrouver mon cher réceptionniste de l’immigration. J’attends encore…enfin il me voit !! Salut Salut Murabeho !! Ah il sourit parce que j’essaye de parler Kinyarwanda est-ce que c’est dans la poche ?
« Mademoiselle, vous ne nous avez pas donné votre ordre de mission, revenez avec ce document. » J’explique : stage, études, pas payée, juste aide entreprise. « Alors revenez avec votre convention de stage ». Et Marine remonte sur la moto repart à la maison, prend sa convention, remonte sur la moto, retourne là bas. Quand je lui montre la convention, il me dit « Mais enfin c’est en allemand ». Je lui explique que je peux lui traduire, je lui montre les mots qu’il peut reconnaître du français. « Non non non maintenant vous devez aller à l’ambassade d’Allemagne et vous ferez traduire le document ». Là je pete un plomb ! Je lui dis que je viens pour la quatrième fois, que je ne vais pas poser une bombe ici mais que je vais être très en colère (j’aurai pu l’étrangler !!). Je crois qu’il préfère éviter le scandale, il part, revient et me dit que c’est bon, que je dois maintenant remplir la deuxième épreuve : aller payer mon visa. Yes !


           
Payer, bon. Bien sur c’est dans un autre ministère. Et c’est 25.000 Francs rwandais (environ 30 euros). Lundi matin (parce que tous les ministères ferment à 15h30 le vendredi et décrètent le week-end ouvert,donc il est déjà trop tard pour moi), je me lève à 7h00, enfourche une moto (je commence à vraiment aimer la moto…qui l’eu cru !!), donne la direction (National Revenue Authority) et je me laisse réveiller par le vent. Arrivée là bas, on m’annonce gentiment que je suis au mauvais endroit, qu’il y a un autre bureau de ce ministère en ville (donc à deux pas de là ou je vis). Je souris, plus rien ne m’étonne… ! Je remonte, brrrrrrrr, roule roule moto, une, deux collines et me voilà à bon port. Hourra on accepte mon argent après m’être battue pour garder ma place dans la file. On me donne un reçu et je dois retourner à l’immigration. Rebelote, cette fois je prends le bus, la moto ça commence à faire cher. On prends mon reçu (cette fois c’est une autre dame qui est très sympa) et on me dit de revenir mercredi. Mercredi suivant Marinchen revient à la charge et tamtamtamtam (roulements de tambour…) on lui donne son passeport avec un visa rwandais dedans : il n’est même pas beau ! Mais il est à entrées multiples, cela veut dire que je pourrai aller au Burundi et en Ouganda (youpi !)


           
Si je compte bien je suis allée 6 fois à l’office d’immigration pour recevoir ma récompense ! Je suis maintenant infaillible sur le système de visas au Rwanda et j’ai eu la chance inespérée d’expérimenter les rouages de l’administration rwandaise. Les pauvres allemandes qui travaillent avec moi : elles n’ont même pas besoin de visa pour rester ici trois mois. Aucun déplacement, rien à payer, juste montrer son passeport et ne pas se faire de soucis. Heureusement que je suis française sinon je n’aurai pas connu tout cela.


           
Plus sérieusement, j’ai du coup pas mal réfléchi sur ma chance d’être née là ou je suis née. J’ai pensé à la façon avec laquelle je voyageais depuis mes 15 ans. Où je veux, quand je veux, sans me demander si c’est possible ou non. Ca ne m’était pas venu à l’esprit qu’on puisse me refuser d’aller dans un pays. Pourtant c’est ce que nos pays font régulièrement avec des dizaines et des centaines et des milliers de demandeurs de visas. Quels milliers de kilomètres séparent nos mondes. Je suis protégée, quoiqu’il arrive. Parce que je suis née en France, parce que j’ai des papiers européens, et en plus de l’argent. C’est une autre paire de manches pour les jeunes rwandais qui voudraient venir faire un stage en France.

           

Partager cet article
Repost0
17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 10:54
Kigali au quotidien, pièce en plusieurs actes

Décor: Kigali.
Ville de près de un million de personnes qui ne cesse de grandir. Perchée à califourchon sur le dos de plusieurs collines, on a du mal au départ à s'y retrouver. Impression que la ville se termine et on découvre encore tout un quartier dans le dos de la meme colline. Les motos taxis envahissent les routes et crachent en remontant les chemins de terres parfois très pentus. Il est difficile de se croire dans une capitale censée abriter un million de rwandais. Les soirées sont fraiches, tout juste agréables. Les rues sont calmes, je peux me promener toute seule sans me sentir en danger, sans qu'on ne m'importune. Ca n'empeche pas les rwandais de toujours insister pour te raccompagner jusqu'au devant de ta porte! Parfois la journée, un léger voile grisé recouvre les collines et on peine à voir distinctement le paysage d'en face. La terre des montagnes est rouge, mes pieds sont toujours marrons comme je marche en sandales.

Acte 1

Je décide de me promener toute seule, de découvrir les environs. Je cherche des repères auquels me raccrocher pour peu à peu avoir l’impression de maitriser mon trajet, de savoir ou je suis. Je prends le bus, complètement écrasée entre les fesses des rwandais et rwandaises. Pas que les miennes soient nécessairement minces, mais juste ici on n’a pas peur d’être proches dans le bus. Je découvre des vrais supermarchés, ce qu’on appellerait mini superette chez nous mais qui ici fait l’effet d’une abondance incroyable. Je craque j’achète de la pate à tartiner pour le petit déjeuner !! Quand on me regarde de travers j’essaye de parler kinyarwanda et le visage des gens me répond par un sourire ou juste de la curiosité. J’apprends par-dessus tout la patience, la persévérance. Dans le bus, dans la rue, au guichet de poste.

Acte 2

J’ai envie de nager. Tant pis si je dois aller dans un des hôtels classes de la ville et y laisser 3.500 francs, l’équivalent de plus de 4 euros. Entrer dans l’eau froide, la sentir prendre possession de tout le corps, et puis s’agiter, faire des longueurs. Enfin ressentir cette fatigue réparatrice d’après l’effort physique dans l’eau. Je me sens bien. Je m’installe au soleil et lis mon bouquin du moment. Il y a un léger vent frais. C’est parfait. Malgré la crème enduite avant mon bain, je me retrouve quelques heures plus tard dans la salle de bain à la maison à contempler de magnifiques coups de soleil. On dirait une œuvre d’art. Oui oui oui. Je ferai plus attention la prochaine fois. Biafine en main, je suis sauvée.

Acte 3

On marche dans la rue. On ce sont Marine la musungo et Baker le rwandais. La nuit est déjà tombée. Il m’attrape la main et me dit en rigolant que je suis en Afrique maintenant. « Vous européens devez toujours marcher si vite parce que vous êtes pressés, vous avez trop de choses à faire tout le temps, vous courrez après le temps finalement. » Oui pas faux. J’essaye de ralentir mon rythme, de me sentir juste à l’aise en allant si lentement. Encore prendre le temps.

Moments chouettes à boire une bière rwandaise, à tenter de lui expliquer ce que sont des taches de rousseurs (il fait déjà nuit !), et que mes yeux sont bleus et pas noirs:). A écouter ses projets de vie, son enfance en Ouganda, le retour au pays. Confrontations de vie différentes, de cultures différentes.

Acte 4

Samedi après midi. Nous sommes invitées, les stagiaires à manger chez Florence, une fille du staff de NDA. Tout le monde s’est mis en 4 pour cuisiner pour nous. Nous faisons le tour de cette petite maison ou ils vivent à 5 jeunes pour l’instant dans 2 chambres à coucher, une salle de bains, un salon. La cuisine se trouve dehors. Nous nous asseyons sur les coussins à même le sol et engageons la conversation avec les gens. Au début avec retenue puis peu à peu plus sympathiquement. La musique qui s’échappe de l’ordinateur est incroyablement forte, pourtant personne ne semble être gêné.

Le soir nous nous retrouvons au H2O, l’endroit branché du coin ou on peut danser dans un espace à ciel ouvert. Je m’amuse bien, je discute avec telle ou telle personne, surtout en anglais, j’apprends à danser un peu de salsa. Je rigole avec les amies de Florence qui semblent nous avoir déjà adoptées. Je me sens dans l’ambiance universelle de jeunes faisant la fête. Cela me manquait et je vais me coucher de douce humeur cette nuit là.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Mille collines et une Marine
  • : Trois mois au pays des mille collines, projets de tourisme équitable à développer..
  • Contact

Mille collines et une Marine

Bonjour à toi!
Bienvenue sur ce blog où tu pourras suivre mes aventures africaines pendant 3 mois au Rwanda. 
En espérant te faire voyager un peu, et te donner beaucoup envie.. 
Bonne lecture et à très bientôt..



Liens